Areski & Brigitte Fontaine
『L'Incendie』
CD: BYG Records / Charly Acquisitions Ltd.
BYG 529.026 CD (2022)
Manufactured in the E.U.
1. LE 6 SEPTEMBRE 2:10
2. RAGILIA 2:10
3. IL PLEUT SUR LA GARE 2:27
4. DÉCLARATION DE SINISTRE 2:12
5. LES MURAILLES 2:19
6. L'ENGOURDIE 2:38
7. NOUS AVONS TANT PARLÉ 2:28
8. LES BORGIAS 3:14
9. LES PETITES MADONES 0:56
10. L'ABEILLE 2:17
11. APRÈS LA GUERRE 3:26
12. LA TÊTE BANDÉE 2:45
13. LE CHANT DES CHANTS 2:08
BONUS TRACKS
14. ÇA VA FAIRE UN HIT 2:26
15. QUAND LES GHETTOS BRÛLERONT 1:43
All tracks by Fontaine & Areski
ARESKI & BRIGITTE FONTAINE - L'INCENDIE
(original credits)
toutes les chansons sont de brigitte et areski
sauf "l'abeille" qui est de areski et brigitte
hautbois - piano électrique - flûte - bandonéon: jean querlier
percussion pour "les borgias": guem
basse: j.f.
guitare pour "l'engourdie" "le 6 septembre" et "l'abeille": claude pavy
vocals pour areski: brigitte fontaine
percussions apaches - guitares - moulin à musique - timbale - crotales: areski
bouloute à musique pour "après la guerre": brigitte
production: byg records
prise de son et assistance à personnes en danger: daniel vallencien
studio: herouville
BONUS TRACKS TAKEN FROM THE ORIGINAL BYG 7" 45 RPM SINGLE
ARESKI & BRIGITTE FONTAINE
Ça Va Faire Un Hit / Quand Les Ghettos Brûleront
[BYG 129.052] - 1974
Written by Areski & Brigitte Fontaine
Arranged by Jean-Claude Vannier
Artwork by Brigitte Fontaine
2022 REMASTERED EXPANDED EDITION
Executive Producer for this re-issue: Jean-Luc Young
Re-issue produced for release by Geoffrey Cousin
Digitally mastered from original BYG tapes by Nick Robbins
Liner notes for this re-issue and track-by-track notes by Kevin Le Gendre
Graphic design for this re-issue by Phil Rogers
◆本CDについて◆
EU盤。見開き紙ジャケット(E式)仕様。中ジャケにトラックリスト。ブックレット(全16頁)にKevin Le Gendreによる英文解説「Still burning bright」、アーティスト写真(モノクロ)2点、シングル盤ジャケ画像(カラー)1点、BYG RECORDSアルバム・リスト/ジャケ画像(カラー)6点。CDは紙製スリーブに入っています。歌詞は掲載されていません。
アレスキー&ブリジット・フォンテーヌのコンビは1969年の『ラジオのように』から1980年の『野ばらは素敵かもしれない』まで、Saravahから6枚のアルバムを発表していて、全て国内盤CDが出ていますが、1974年BYGからの本作(邦題『幻想の会話』として東宝レコードから国内盤LPが出ていました)は内容的には遜色がないにもかかわらず、今のところ国内盤CD化されていないです。
ややフォーク寄りの短めの曲が有機的な全体を構成しています。#10を除いてアレスキー作曲、ブリジット作詞(#10はアレスキ―作詞、ブリジット作曲)。ウィキペディアによると、#6はフランソワーズ・アルディのために書かれたものの採用されなかったということです。ベースは『ラジオのように』にも参加していたジャン=フランソワ・ジェニー=クラーク(Jean-François Jenny-Clark)。「l'incendie」は「火事」です。かつてブリジットは歌いました、「世界は寒い。そして方々で火事が起きる。なぜならあまりにも寒いから」(「ラジオのように」より)。
ボーナストラックは同年リリースのシングル曲で、「Quand les ghettos brûleront」はワールドミュージック、「Ça va faire un hit」はヘヴィロックです。
★★★★★
Ça va faire un hit
Areski Belkacem - Il pleut sur la gare (avec Brigitte Fontaine 1973)
Brigitte Fontaine & Areski - Nous avons tant parlé (live 1973)
L'INCENDIE Paroles
1. Le six septembre
Le six septembre
Il fait doux à Paris
Et où as-tu perdu
La vie
septembre noir
assassin
Djemila
ton seul droit
c’est crever en silence
Septembre noir
Il fait doux le matin
Qui l’eût cru
On peut encore mourir
D’amour
mon amour mon amour
j’aime ma femme
elle achète les kronembourg
par six
les enfants à quatre heures
aiment bien les tartines
Une femme qui meurt
Reste t-elle féminine
le six septembre
il fait doux à Paris
et où as-tu perdu
la vie
Septembre noir
Assassin
Djemila ton seul droit
C’est crever en silence
Allons enfants
Gott mit uns
God save America
Du soleil sur la France
du soleil sur la France
c’est Shell que j’aime
C’est une belle histoire
j’ai le cafard
Il est noir comme une arme
nos machines à laver
rendent le temps d’aimer
Ô mon amour forain
Viens donne moi la main.
2. Ragilia
Moi qui vous parle
La poupée éventrée
L’enfant perdue des gares
La carnivore
Qui dort au coin du feu
Avec les mouches, moi
La reine du mardi gras
Dansant en robe verte
Couverte de crachats
Moi qui vous parle
Sous un ciel étouffé
Moi qui vous parle
La bouche cousue
Moi qui vous parle
Dans l’odeur du gaz
Avec les flippers
Les marteaux piqueurs
Moi qui vous parle
Les bras plus raides que des rails
Les cheveux brûlés
La tête pendant
Fleur cassée
Sur un sarrau noir
Moi qui vous parle
Voix de barbelés
Avec des cris écrasés
Moi qui vous parle
La bouche cousue
La bouche cousue
Moi qui vous parle
Dans un dédale de lessive
Petit matin fumant
Petit matin gelé
Odeur d’absinthe
Odeur d’urine
Moi la vieille femme
Appelant sa mère
Moi l’enfant hurlant de rage
Moi la lionne giflée
Moi la lionne rampant
Moi comme tout le monde
Moi qui vous parle
Je suis un peu triste
Alors je vais prendre
Mon médicament.
3. Il Pleut sur la Gare
(Chuchotements)
Les roses sont noires / les roses sont noires
Les bagnes son bleus / et la bonne est morte
Il pleut sur la gare
Je veux être heureux / il pleut sur la gare
Les soleils bancals /ouvre-moi ta porte
Coincés dans les portes / et la bonne est morte
Sont tellement pâles
Que la bonne est morte / les soleils sont pâles
Le docteur est fou
La mercière a peur
Les machines à sous
M’ont brisé le cœur / il fait pas chaud
Une petite belote
Un petit tiercé
Les momies radotent
Devant la télé / fait pas chaud fait pas chaud fait pas chaud
Le ministre à dit / à la télévision
Que les français sont / à la télévision
Hantés par Racine
Et par Cicéron / hantés par Racine et par Cicéron
Trente années passées / à Levallois Perret
Parmi les vivants / et à Clermont Ferrand
N’ont pas entamé
Mon étonnement / c’est pas moi c’est ma sœur qui a cassé la machine à vapeur
Les enfants se cachent / ça use ça use…
Pour se caresser / ça use ça use…
Les parents se fâchent / ça use ça use…
Dans leur corps gelé / 10km à pied ça use ça use les souliers…
Les hommes s’enlisent / je voudrais te voir
Le long des comptoirs / je voudrais te voir
Les femmes reprisent
Je voudrais te voir / je voudrais te voir
4. Déclaration de Sinistre
Le jardin brûle
Derrière les grilles
Sans bruit des citrons gris explosent
La fumée flotte autour des pêchers étranglés
Et doucement les dahlias chavirent
Couleur de lune
Un homme nu
Marche dans la cendre
Il a les mains crispées
Sur un vase d’opale
Et il tremble
Une dame étendue agonise
En chantant
Son corps ouvert
Buvant les flammes
C’est alors que les pierres
De la maison
Tombent sans bruit
Comme des larmes noires
5. Les Murailles
Jour après jour tu as chanté
Les chants qui abattent les murailles
Un soir tu as pu toucher
Mon cœur de ta main dégantée
Et j’ai su qu’il existait
Je te dirai tout
Jour après jour tu as chanté
Les chants qui abattent les murailles
Un soir tu as pu toucher
Mon cœur de ta main dégantée
Et j’ai su qu’il existait
Je te dirai tout
6. L’engourdie
Mon cœur est lent comme une barque en été
Je suis la reine engourdie
D’une ville bleue
A mon côté
Est un jeune homme allongé
Les yeux très pâles et des algues
Plein les cheveux
Les Juke-boxes se taisent
Entre les falaises
Je suis seule enfin
La joue sur ton sein
Pas un appel
Pas une abeille
En dehors
Ne vient changer l’air du temps
Et te réveiller
J’aime laisser
Ma main traînée
Sur ton corps
Raide et blanc comme un bouquet
Pour une mariée
Les autos reposent
Jolies huîtres closes
Et je mange enfin
Un pain aux raisins
Mon cœur est doux comme une barque
En été.
7. Nous avons tant parlé
Nous avons tant parlé
Toi avec moi
Comment se rappeler
Qui a dit quoi
Nous en avons tant fait
Tu m’as volé
Je ne sais ce que c’est
Je t’ai pillé
Ne me regarde pas
Avec mes yeux
Est-ce vraiment cela
La vie à deux
Mon sang qui a coulé
Dans tes artères
Je le retrouverai
Mêlé de terre
Nos flammes sont mêlées
Dans un bruit tendre
Et de l’autre côté
Ce sont nos cendres
Mais pourquoi séparer
Ceci de ça ?
Pourquoi vouloir gagner ?
Il ne faut pas
8. Les Borgias
Dans le dernier jardin
Dans le premier café
Dans les petits matins
Dans les hôtels glacés
Nous ferons des festins
Ma princesse galeuse
Sans maître et sans larbin
Ma petite crieuse
Dans les chambres prêtées
Dans les Palais loués
Dans les autos cassées
Dans les trains surchauffés
Sur des divans anglais
Sur des rideaux très lourds
Nous ferons des banquets
De grands festins d’amour
Tu remettras ton cœur
Ma petite coureuse
A mes mains d’oiseleur
Dans des banlieues pisseuses
Je te verrai flamber
Piétinant ta dépouille
Que nous aurons couché
Sur un lit de fenouils
Je sentirais tes crocs
Me caresser le sang
J’embrasserai tes os
Parfumés de safran
Au matin des amants
Les corbeaux aiment bien
Nos débris tout fumants
Nous sommes déjà loin
Nous ferons des banquets
Nous ferons des festins
Dans le dernier matin
Sur un lit de galet
Dans le dernier jardin
9. Les petites Madones
Les petites madones
Au pied des guillotines
Laissent la justice
Suivre son cours
Et vont prendre le thé
Sur des napperons blancs
Avec les corneilles.
10. L’Abeille
Tu m’aimes, j’ai la faiblesse
De le croire, tu le sais
Faiblesse n’est pas mollesse
Quand bien même ça serait
Je vais vers toi
Je vais vers toi
Si une heure de pendule
N’est plus rien plus rien
Pour moi
C’est que le désir me brûle
De m’ouvrir à chaque pas
Plus jamais seul
Plus jamais seul
J’attendrai que tu t’éveilles
Et je te dirai tout bas
Que l’amour est une abeille
Qui ne pique qu’une fois
Rien qu’une fois
Rien qu’une fois.
11. Après la guerre
Les blés sont en fleur. La lumière se pavane dans un ciel spacieux. De larges paysannes tournoient dans des colonnes d’air chaud. Le bonheur souffle. Les paupières se posent en douceur. Les sexes rougeoient. Les yeux en bougeant font jouir. Les hommes sont revenus de la guerre, et sur leur tête le gazon repousse. Sur les places tièdes de l’aprèsmidi, de belles dames se grattent la taille car leur élastique les gêne. Les boissons rêvent Sur des tables vert pâle, et tu passes sur un pied, sur l’autre, dans la paille. La farine tremble au-dessus des toits. Le poids de l’air empêche les gens de s’envoler, et ils se frottent contre les maisons en mâchant des sourires. Au loin, la rivière fait la sieste. Il y a tout à parier que c’est encore une fois l’été. Le bonheur souffle. Un beau serpent s’enroule autour d’un rayon. Les maisons craquent comme des lits et la grange, la grange où nous sommes déployés est un brasier ardent.
12. La tête bandée
Je marchais sur la neige
La tête bandée
En silence tu te tordais
En silence
Parmi les corps inhabités
La bouche noire sur le trottoir
Tu te tordais
La bouche noire
J’ai léché le sang à tes plaies
Et j’étais allongé sur toi
Pleurant d’horreur
Et de voracité
Pleurant de douceur
Et les gens nous marchaient dessus
Ta bouche dans la mienne
Criait de vieilles insultes
Comme des crapauds
Comme des caillots
Et je sentais dans ma gorge
Tout ce qui nous avait tués
Ta bouche dans la mienne
Criait l’amour
Je sentais dans ma gorge
La vie qui nous venait
Et les gens nous marchaient dessus.
13. Le chant des chants
Tes joues sont des collines
Caressées par la lune
Ta barbe est une pinède
Odorante
Tes yeux sont deux cygnes noirs
Fendant doucement l’eau
Ton cou est comme le tronc d’un arbre sacré
Poli par le baiser des pèlerins
Ta poitrine est une plage du sable le plus fin
Les fruits de ton ventre sont deux prunes poudrées d’or
Au milieu de l’été
Près desquelles s’élève un rameau plus doux
Que le pollen des lys
Tes cuisses sont deux requins
Jouant dans l’océan
Tes bras sont comme les plis d’un grand fleuve
Au printemps
Et tes mains
Un nid de jeunes fauves
Caressants